Pavlina Banboudi : Saints Minas et Hermogène
(le rêve)
(Les miens couchés dos sur la tombe
Leurs témoins à la main.
Sans destinataire, tous, fermés.
Le dernier me saluait depuis le sous-espace
Signal numérique
Insistant,
Toujours plus lointain, plus intense.
Eh bien, me suis-je souvenue,
Dieu était lui aussi l'un de mes morts.
Alors, est apparue sur la carte un point noir
Poème éphémère,
Troublant à nouveau, contrée infinie,
Silence, l'icône de la Vierge.
Et j'ai vu le fils que je n'ai pas
Et le père que j'ai eu jouant joyeusement.
Les petites mains-jamais dans les grandes mains-jadis.
Tous deux courant sans jambes.
Rires sans matière.
Le non-corps échappant au corps qui fut.
Et le vent qui tourbillonne en phonèmes
Et le sable qui se plisse en pensées.
Puis, tel un ballon,
La planète qui éclate et disparaît
Dans le trou noir.)
(L'interprétation)
Il est tard, a dit le Garde,
Les douze coups ont sonné
Tant d'années plus tôt.
Tu es enfermé du dehors
Et du dedans.
Tu ne peux t'évader que par en bas.
Tes bagages
Ont déjà voyagé
Tout seuls,
Très loin.
Eux aussi, désormais, perdus.
(Le commentaire)
Je m'évade vers le haut, têtue.
Avec d'autres bagages, d'oiseaux.
Moi je le peux, car
Très nettement
Je me souviens de ma provenance.
Moi
J'ai eu pour nourrice un nuage.
J'ai entendu les contes
D'une grand-mère clair d'étoiles
Le vent m'a protégée.
La fumée me donne encore des leçons.
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